Remarques sur les expositions.

Première exposition, seul :

Je participais à de nombreux concours de peinture, j’exposais donc souvent mais pas seul. Dans ces situations, chaque peintre apporte quelques tableaux, le plus souvent de trois à cinq, personne n’est sur le devant de la scène, sauf quelquefois, un invité d’honneur, chacun est noyé dans la masse. Exposer seul est une toute autre histoire. Tous les regards, brutalement se tournent vers vous. Les questions, les remarques, les critiques se concentrent sur vous ou sur vos tableaux. Les contacts pour la salle, les invitations, les affiches, le choix des tableaux, l’installation, l’accrochage, l’ordre de ces derniers, le vernissage, l’accueil, les permanences, tout est pour vous. Plus de travail mais aussi plus de satisfactions. C’est forcément formateur, une expérience enrichissante si elle ne conduit pas à trop de stress, et là, c’est en fonction de la personnalité de chacun.

Mes expositions :

Dans les quatre expositions personnelles que j’ai faites, et il en sera de même dans les suivantes, je laisse les visiteurs regarder seuls les tableaux ou à plusieurs s’ils sont venus en groupe, en revanche, si l’affluence le permet, j’essaie toujours d’être disponible pour en parler s’ils le souhaitent. Quand on se montre disponible, les visiteurs ont très souvent beaucoup de plaisir à échanger sur la peinture, sur la technique, sur la réalisation de tel ou tel tableau avec des anecdotes qui y sont liées... Il ne faut jamais perdre de vue, que chacun fait ses choix, chacun a ses préférences en fonction de ses goûts, de sa culture de l’art, de ses références et dans le fond, c’est très bien ainsi... Si tout le monde aimait le même peintre, il y a bien longtemps que tous les autres seraient partis à la pêche ou jouer aux boules ou vers d’autres loisirs, bien sûr... et le peintre élu se retrouverait bien seul !

Les échanges qui se multiplient dans les expositions permettent de sensibiliser à cette forme d’art, de le faire mieux connaître et quelquefois de faire évoluer les goûts et ainsi, de donner plus envie de retourner dans les expositions. Il en va de même pour la sculpture, la photographie...

Je pense également qu’il ne faut jamais solliciter l’achat, l’acquisition d’un tableau doit être un acte vraiment souhaité, ce doit être un vrai coup de cœur. Il ne faut surtout pas que l’acheteur regrette son geste... Coup de cœur ne veut pas non plus dire achat, dans certains cas le prix, justifié par la notoriété, le talent, ou les deux, fait qu’on adore un tableau, qu’on l'accroche dans sa mémoire mais pas dans son salon !

Le livre d’or :

Dans mes expositions, je ne mets pas de livre d’or, j’ai toujours le sentiment que c’est une situation qui pousse le visiteur à écrire des compliments en quelques mots, compliments qu’il peut ne pas avoir envie d’écrire. Parler de tableaux ne peut pas se faire en quelques mots, et moi quand je vais voir une exposition, je ne vais pas pour écrire un roman. Si l’exposant se montre prêt et disponible pour parler de l’exposition... les conditions sont réunies pour que l’échange soit riche et intéressant. Un échange verbal permet au visiteur de nuancer son propos, ses remarques, d’être plus précis, et à l’exposant de mieux comprendre le ressenti. Il me semble que dans cette situation, l’échange est forcément plus riche que quelques phrases écrites sur le livre d’or. Pour moi, à chaque fois que je fus visiteur, ce furent de bons moments, et je n’ai jamais hésité à dire à quel point, un ou quelques tableaux me plaisaient, ne serait-ce que pour voir continuer l’artiste et se régaler à nouveau dans une prochaine exposition. Alors permettre à d’autres de vivre ces moments me semble logique et beaucoup plus positif que de relire des pages de compliments qui pourraient me laisser penser que je brille au firmament des artistes. Avoir conscience du chemin parcouru, c’est bien, savoir qu’il reste beaucoup de chemin à parcourir, c’est mieux. La comparaison avec des tableaux d’artistes rencontrés ne me laisse aucun doute sur le chemin à parcourir... et je suis loin d’être sûr qu’il sera parcouru un jour !

Sollicitations :

Il m’arrive d’inviter des peintres à exposer dans tel ou tel lieu car je trouve que leur production mériterait d’être partagée mais certains ou certaines ne le souhaitent pas, et je trouve que c’est vraiment dommage. Les peintres qui refusent ont leurs raisons que d’autres peintres peuvent ne pas connaître ! Toute ressemblance avec une maxime connue n’est pas le fruit du hasard !

Il y a bien longtemps maintenant, je fus sollicité de nombreuses fois pour exposer avant d’accepter, et aujourd’hui, je suis très content que des personnes, qui se reconnaîtront si elles lisent ces lignes, aient insisté jusqu’à mon acceptation. S’il n’y avait pas eu ce passage, peut-être qu’aujourd’hui, je n’aurais toujours pas fait une exposition seul.